Souvent, laisser le temps à la pression de baisser et prendre du recul peut être bénéfique pour résoudre un conflit. La fugue répond bien souvent à l’envie de faire une pause, que ce soit pour la journée, pour une nuit ou encore pour quelques jours. Et si tu ressens ce besoin, il est possible que la personne avec laquelle cela ne va plus le ressente aussi.
Si c’est ce que tu souhaites, il est important de penser à une solution qui, contrairement à la fugue, ne te mette pas en danger. Fais une proposition qui puisse être acceptable pour la personne qui a ta responsabilité légale. Par exemple, propose un lieu sûr, où tu habiteras pendant un temps donné, détermine une fréquence pour donner de tes nouvelles, donne le nom de personnes de confiance qui seront avec toi, etc.
Tu peux par exemple faire appel à ta famille élargie pour trouver une solution temporaire. Il existe aussi des organismes qui sont à ta disposition pour t'aider et t'écouter: le centre communal d'action sociale de ta ville, les lignes d’écoute...
Il est d’abord important de faire le point sur ce que tu penses, et ce que tu ressens : pose toi, écris, prends un peu de temps pour toi... En effet, même si au vu de la situation dans laquelle tu te trouves actuellement tu penses que la fugue est ce qu’il te faut, une décision aussi importante ne peut se prendre que lorsque l’on est calme. Ne fugue pas suite à une dispute, ou à un drame : une fois l’émotion retombée tu risques de le regretter à coup sûr. Même si c’est difficile, nous te conseillons de ne pas prendre de décision impulsive guidée par la rage, la tristesse, la peur, l’euphorie, la révolte, etc.
Surtout, ne reste pas seul face à tes problèmes. Essaye de trouver du soutien pour t’accompagner au fil de ta réflexion et de ta prise de décision. Parler de ce que l’on vit c’est essentiel pour faire face aux situations difficiles. Cela permet de te libérer d’une partie de ce qui te pèse, d’y voir plus clair, et de trouver des solutions auxquelles tu n’aurais pas pensé.
Tu peux essayer d’en parler à une personne de confiance qui pourra t’écouter sans te juger ou t’influencer. Un(e) ami(e) qui a à cœur tes intérêts c’est bien, mais un adulte qui peut te renseigner sur les possibilités et conséquences de tes choix, c’est encore mieux. De plus, quelqu’un qui n’est pas impliqué directement dans la situation peut plus facilement t’offrir un regard neuf et te permettre d’entrevoir des solutions différentes.
Cette personne de confiance n’est pas forcément l’un de tes proches, cela peut aussi être un travailleur social, un éducateur, un enseignant, un médecin, etc. Il existe également des organismes qui peuvent t’accompagner et t’épauler.
Au-delà du soutien que tu peux recevoir en parlant avec quelqu’un, tu peux demander à cette personne neutre d’agir comme médiateur entre toi et la ou les personnes avec qui tu vis la situation qui t’amène à penser à fuguer.
Si tu décides de fuguer, tu auras sans doute au début une sensation de soulagement. Un sentiment de liberté, l’impression que tu échappes enfin aux problèmes qui t’ont poussé à partir. Malheureusement, rapidement, tu feras face à de nouveaux besoins qui vont t’impacter fortement : te nourrir, dormir, te laver, où passer ton temps…
Sache, si tu choisis d’être hébergé par un ami, que sa famille et lui pourraient se retrouver en situation d’illégalité. En effet, selon la loi, il faut le consentement des parents ou d’une personne ayant l’autorité parentale pour que quelqu’un puisse t’accueillir. Sans cela, ils commettent un délit : le détournement de mineur.
Pour ne pas te retrouver à la rue, il existe aussi des organismes susceptibles de pouvoir accueillir des mineurs en situation de fugue. Il ne s’agit pas de « planques » mais d’endroits où tu peux, par contre, être en sécurité, te nourrir, te laver et dormir. Afin de réfléchir sur la situation qui t’a poussé à fuguer, il est essentiel que tu n’aies pas à te préoccuper de ta sécurité, de ton logement, de comment te nourrir…
Si tu penses pouvoir te débrouiller par tes propres moyens, et répondre seul à tes besoins essentiels, garde en tête que ton départ aura aussi pour conséquence de te compliquer la vie sur un grand nombre de points. Par exemple :
• L’éloignement de tes proches : être en fugue cela veut dire aussi ne plus voir ses amis librement, ne plus pouvoir prendre contact avec eux à tout moment, et s’éloigner de ceux qui te sont chers.
• Impossible de prendre un logement sans un majeur pour souscrire un bail, d’autant que celui-ci se placerait en situation d’illégalité s’il acceptait de t’héberger.
• Difficile de trouver et de garder un travail, de poursuivre tes études ou de démarrer une formation lorsque l’on est recherché, que l’on n’a pas d’adresse fixe et officielle.
• Difficile de subvenir légalement à tes besoins vitaux (manger, dormir, te laver et t’habiller) sans revenu et sans pouvoir compter sur les personnes qui s’en occupent d’habitude.
Même si la fugue n’est pas un délit au sens même de la loi, elle reste toutefois une disparition d’enfant, et à ce titre, engendre des conséquences auxquelles tu pourrais ne pas avoir pensé.
Par exemple un signalement de fugue sera sans doute déposé à la police, qui aura comme rôle de te retrouver. Une enquête sera alors conduite auprès de ta famille, de tes proches, de ton école… Il ne s’agit pas de te sanctionner, mais de te protéger. En effet, la loi oblige à protéger toute personne mineure se trouvant seule dans la rue, car elle est considérée en danger.
Dans le cas d’une fugue du milieu familial, un signalement peut également être déposé auprès de l’aide sociale à l’enfance. En fonction de la situation celle-ci t’imposera ou non d’une mesure à mettre en place (suivi au sein du milieu familial, placement en institution, suivi médical, etc.).
Si tu fugues d’une institution (foyer, famille d’accueil, etc.), les implications peuvent être multiples : la fermeture de ta place après un certain temps, ton transfert vers un autre établissement, la remise en cause de certains projets ou privilèges par exemple.
Si tu décides de fuguer, cela ne veut pas forcément dire que tu auras à faire face à toutes ces conséquences. Il existe autant d’issues à une fugue qu’il existe de jeunes en fugue. Mais il faut que tu connaisses les résultats possibles pour faire un choix éclairé. Alors n’hésite pas à te renseigner et à faire appel aux ressources disponibles: aide juridique, organismes de défense des droits, etc.
Même si ce n’est pas ce que tu recherches, la fugue peut engendrer certaines situations dans lesquelles tu ne veux probablement pas te retrouver. Fais-y très attention :
• Le manque de ressources peut te pousser à des actions illégales (voler, frauder dans les transports, etc.)
• Vivre caché cela peut aussi faire de toi une cible facile pour ceux qui recherchent des personnes en situation de fragilité (agression, prostitution, vente de drogues, etc.).
• Les préoccupations qui t’occupent l’esprit peuvent te pousser à avoir une consommation excessive (drogues, alcool, etc.), et sans tes proches autour de toi pour t’aider, tu es d’autant plus vulnérable.