Agir en cas de disparition

Médiatiser la disparition

de son enfant

A plusieurs occasions, nous avons pu constater l’efficacité de la médiatisation des appels à témoin et des avis de disparition.

Droit d’Enfance souhaite vous mettre en garde sur le choix de médiatiser la disparition de votre enfant. En effet, si celle-ci permet d’informer très largement le grand public, elle présente également des inconvénients à commencer par le fait de rendre familier le visage et le nom de votre enfant à des milliers, voire des millions d’inconnus. Pour que la sollicitation des médias soit bénéfique, il est très important de s’y préparer.

Vous trouverez ci-après quelques clés pour mieux appréhender les médias et une éventuelle médiatisation de la disparition de votre enfant. 

Attention vos objectifs ne sont pas forcément les mêmes que celui du journaliste.

Vous avez le droit de dire aux journalistes comment vous envisagez l’interview et ce que à quoi vous ne souhaitez pas répondre. Vous avez le choix de refuser une interview. Avant tout il faut avoir en tête qu’un journaliste est une personne dont la profession est de rassembler des informations, de rédiger un article ou mettre en forme un reportage afin de présenter des faits et informer le grand public. Les journalistes sont contraints, notamment à cause du déclin du marché, à publier des articles « vendeurs ».

Participer à une interview, que ce soit un reportage télévisuel ou un article dans un journal, permet bien évidement la médiatisation de votre enfant et de déclencher des témoignages. Chaque interview permet de soutenir la cause des enfants disparus qui est un sujet encore tabou en France et de participer à prévenir des disparitions d’enfants. Votre témoignage est donc important pour toutes les familles victimes d’une disparition d’enfant et pour les actions du 116 000 Enfants Disparus.

Attention, la médiatisation dirige également les projecteurs sur votre enfant qui risque d’être marqué par la suite par cette exposition. Il faut donc peser le pour et le contre avant de médiatiser une disparition. Pour cela vous pouvez vous faire aider par le service communication de Droit d’Enfance.

Nous vous conseillons de vous adresser à la presse quotidienne régionale dans un premier temps. Renseignez-vous sur les journaux de votre région et tentez de rentrer en contact avec le rédacteur en chef ou avec le journaliste en charge des faits divers.

Si la presse locale accepte de publier votre affaire, il peut se produire un effet « boule de neige » avec la presse nationale. En effet, celle-ci veille en permanence sur la presse régionale. C’est donc la presse nationale qui rentrera directement en contact avec vous si elle est intéressée.

Si vous ne savez pas comment trouver vos interlocuteurs, les professionnels de Droit d’Enfance peuvent vous aider.

Que vous soyez demandeur ou qu’un journaliste vous contacte, il est extrêmement important de bien préparer votre intervention pour ne pas vous laisser surprendre.

  • Prenez le temps de réfléchir au(x) message(s) que vous souhaitez faire passer. N’oubliez pas de bien préciser la date et le lieu de disparition, ainsi que tous les éléments liés à votre enfant : son âge et sa description physique. Vous pouvez aussi indiquer comment partager son avis de recherche.
  • Protégez votre intimité. Même si vous avez demandé à médiatiser la disparition de votre enfant, vous ne souhaitez pas voir toute votre vie, ou la sienne, étalée au grand jour. Posez les limites de ce que vous voulez qu’il soit dit de vous, de votre enfant et/ou de votre famille. En effet, certains journalistes aiment avoir les détails des histoires, n’oubliez pas que l’article ou le reportage est destiné au grand public…  Vous avez le droit de ne pas répondre aux questions que vous jugerez trop intimes. Vous avez le droit également, surtout si les médias vous sollicitent, de demander à rester anonyme (floutage, voix déformée…). Restez maître de votre image ! Il faut savoir cependant qu’un reportage flouté a beaucoup moins de chance d’être diffusé.
  • N’hésitez pas à parler de votre interview avec le journaliste. Dîtes-lui vos motivations et essayez de bien cerner le sujet de son article ou reportage. Vous pouvez lui demander à l’avance les questions qu’il souhaite vous poser, vous pouvez aussi lui demander de vous communiquer le projet d’article ou un enregistrement de l’interview ou de l’émission avant sa diffusion.

Une image vaut plus qu’un long discours. Elles attisent la curiosité des lecteurs, rendent les propos plus réalistes et transmettent de l’émotion aux spectateurs. Les journalistes cherchent donc à « faire de l’image ». Ils recherchent l’émotion, votre émotion parfois au détriment de votre discours. Ne les laissez pas vous mettre en scène et défendez d’abord votre discours.

L’image personnelle est protégée par l’article 9 du code civil relatif aux atteintes à la vie privée. L’atteinte à cette image peut être constitutive du délit d’atteinte à la vie privée prévu par l’article 226-1 du Code pénal. Cependant, si vous ne vous êtes pas opposés à l’enregistrement ou à la capture de votre image ou de votre parole alors que vous étiez en mesure de le faire votre consentement est présumé. Vous ne pourrez pas dire par la suite que vous n’étiez pas d’accord. Ainsi si vous vous laissez photographier, la personne qui prend la photo est libre de son usage.

Si un journaliste vous demande de filmer votre interview, votre lieu de vie (la chambre de votre enfant par exemple) ou de prendre des photos, il vous faut bien déterminer les modalités de l’utilisation de votre image et/ou de celle de votre enfant : Pour quelle finalité l’autorisation a-t-elle été donnée ? Quelles sera la durée de l’utilisation de cette image ? Sur qu’elle support votre image sera-t-elle utilisée ?…

N’oubliez pas que vous pouvez refuser !

La médiatisation d’un mineur n’est possible que si ses parents, ou la personne détenant l’autorité parentale, donne son accord. Le journaliste vous demandera une autorisation écrite, nous vous conseillons de bien étudier le document avant de le signer et d’en discuter avec le journaliste et votre enfant pour déterminer, très précisément, le cadre de l’interview.

Les enfants ou les jeunes ne discernent pas facilement ce qu’ils peuvent dire et ne pas dire et ils ne peuvent pas évaluer l’impact de leur témoignage (il est, par exemple, possible que les copains d’école et leurs parents lisent l’article et que leur perception du jeune change…). Le 116 000 Enfants Disparus conseille aux parents d’en discuter avec l’enfant et d’attendre qu’il ait pris du recul pour lui proposer de témoigner (attendre quelques années). L’expérience d’une disparition, qu’il s’agisse d’une fugue, d’un enlèvement parental ou d’une disparition inquiétante, est extrêmement traumatisante pour un enfant et il lui est déjà suffisamment pénible d’en parler avec ses parents ou avec des professionnels.

D’autre part, le 116 000 Enfants Disparus défend le droit à l’oubli des enfants disparus. Les médias utilisent couramment internet et, bien souvent, leur contenu est réutilisé et/ou partagé sur les réseaux sociaux… Cela peut, dans certain cas, être très utile au moment où l’enfant est recherché mais lorsqu’il est retrouvé les publications ne disparaissent pas. Dans le futur, cela peut poser soucis à l’enfant lors de la recherche d’un stage ou d’un travail par exemple. Sachez que maintenant il est possible de demander à certains moteurs de recherche de supprimer sa « réputation numérique ». Cependant il est très important que des parents et des jeunes acceptent de témoigner non-seulement au moment de la disparition et par la suite ceci afin de sensibiliser le grand public à ces évènements dramatiques.

Il est possible que votre parole ait été mal traduite ou mal comprise et que l’on vous prête des propos que vous n’avez jamais voulu tenir… Il est possible de réagir !

Adressez-vous, d’abord, au journaliste concerné et demandez-lui de modifier les informations erronées, s’il s’agit d’un article modifiable sur internet par exemple, ou bien un droit de réponse, s’il s’agit d’un article papier ou d’une interview filmée. 

S’il n’est pas d’accord, vous pouvez adresser au rédacteur en chef un courrier recommandé pour exprimer vos réclamations et demandez un droit de réponse.

  • Attention aux mots utilisés Lorsque nous sommes touchés par ce que nous racontons nous avons tendance à nous laisser emporter par nos émotions et à utiliser un langage plus familier que d’habitude, à dire des mots qui dépassent notre pensée…
  • Pensez communication non-verbale Les gestes et les attitudes que vous adoptez pendant votre interview peuvent accentuer votre message ou bien le desservir complètement (un geste un peu violent, un ton de voix agressif ou menaçant par exemple …). Il faut également garder à l’esprit que l’image compte beaucoup dans le monde audio-visuel et que votre apparence est votre première arme. Les spectateurs ont tendance à donner plus de crédit à une personne soignée et vous aurez tendance à vous sentir plus à l’aise.
  • Dîtes-en un peu moins plutôt qu’un peu trop Essayez de répondre de manière concise, directe et ne mettez jamais en cause d’autres personnes. Autant que possible, concentrez-vous sur du factuel pour donner plus de poids et de crédit à votre récit.

Seul face à 

la presse ?

Se retrouver seul face à la presse peut être une expérience difficile pour certains d’entre nous, n’hésitez pas à vous faire accompagner par des personnes de votre entourage habituées à prendre la parole en public ou bien par le service communication de Droit d’Enfance.

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